[Bilan] Les Rencontres de la Simulation Numérique en Santé
Les Rencontres de la Simulation Numérique en Santé
Bilan d’une année de rencontres avec les acteurs de la santé
Faisant le constat que les solutions de simulation numérique étaient méconnues des professionnels de santé et des formateurs en santé, SimforHealth a débuté en Janvier 2017 un Tour de France des pôles de formation en santé. De Bordeaux à Liège, en passant par la Martinique, SimforHealth a parcouru 14 villes et est intervenu en majorité au sein de facultés de médecine. La société a sillonné plus de 25 000 kms, effectué plus de 500 démonstrations et réuni plus de 2 000 formateurs en santé.
L’objectif de ces rencontres était de démocratiser les outils de simulation numérique, de répondre aux questions pratiques d’usage et de comprendre les besoins pédagogiques. Chaque étape, débutant par une journée de démonstration ouverte à tous, était complétée en fin d’après-midi par une conférence accueillant des acteurs locaux du domaine de la formation en santé.
Après 1 an et 14 étapes réalisées, quel bilan SimforHealth fait-elle de ces échanges?
Quels besoins pédagogiques les formateurs en santé ont-ils évoqué?
A travers les différentes étapes, les enseignants ont évoqué les évolutions pédagogiques en cours dans les facultés : augmentation de la place de la simulation dans les programmes de formation, développement de l’apprentissage par compétences, enseignement du savoir-être (communication-patient, éthique) et des compétences non-techniques (communication d’équipe, gestion de crise (prise de leadership, remontée des mauvaises pratiques, des oublis…). Ces enseignements qui avaient par le passé une place limitée tendent aujourd’hui à se developper et soulèvent de nombreuses questions pratiques, comme celles de leur place dans les parcours de formation, du temps des formateurs, ou encore de leur rémunération pour ces activités .
Les outils numériques couplés à de nouvelles pratiques pédagogiques qui ont été peu ou pas déployées dans les facultés telles que le blended-learning, l’apprentissage actif, l’apprentissage par essai-erreur…, pourraient favoriser l’émergence de ces nouveaux enseignements. A titre d’exemple, les simulateurs numériques de consultations médicales utilisés par l’étudiant à son domicile lui permettront d’exercer son raisonnement clinique. Ainsi, les données générées par l’usage de ces outils permettront alors à l’enseignant d’identifier les items non maitrisés et de revenir sur ces points de difficultés de façon plus personnalisée lors d’un enseignement en présentiel.
Un autre élément soulevé lors des échanges avec les professionnels de santé fut le besoin de mutualisation des contenus. En effet, les besoins étant relativement similaires d’un établissement à un autre, pouvoir mutualiser du contenu pédagogique parait d’une grande importance. Concernant la simulation numérique, c’est notamment l’enjeu de la plateforme MedicActiV, développée par les équipes de SimforHealth.
Enfin, pour citer un dernier élément, c’est également la motivation des étudiants à apprendre qui a fait l’objet de nombreuses discussions lors de ces Rencontres. En formation initiale, les enseignants ont ainsi fait le constat d’amphithéâtres de plus en plus vides et de la nécessité de varier les outils pédagogiques. En formation continue, c’est la charge de travail des professionnels et donc leur manque de disponibilités qui semblent représenter un enjeu important. En effet, devoir consacrer du temps à sa formation continue après une longue journée de travail peut être un véritable frein à la motivation. Les outils ludiques et interactifs sont évoqués comme une des solutions à cette problématique.
Les facultés, les écoles, les centres de simulation ont-ils inclus les outils numériques de formation ?
Depuis 2016, les étudiants en médecine ont accès à la plateforme d’évaluation SIDES. Elle est notamment utilisée pour les ECNi et a demandé à ce que les facultés acquièrent un grand nombre de tablettes numériques et s’impliquent financièrement. Cet investissement important peut parfois limiter l’adhésion à d’autres outils numériques de formation. Néanmoins certaines facultés en lien avec les centres de simulation locaux, mettent en place des outils innovants. C’est le cas par exemple du centre de simulation d’Angers qui s’est équipé d’une table numérique anatomique ou encore de la faculté de médecine-pharmacie de Dijon qui développe un Learning Lab avec un casque de réalité virtuelle, mais également des facultés de médecine de Brest et de Toulouse qui se sont équipées de casques de réalité virtuelle.
D’autres projets voient également le jour comme à Bordeaux où sont développés des cas cliniques 3D autour de l’AVC ou à Strasbourg où la faculté de pharmacie porte depuis quelques années le projet Pharma3D. De nombreux IFSI ont également inclus des serious game dans leurs programmes de formation.
Dans un futur proche certains centres de simulation envisagent de mettre en place une pièce dédiée à la formation par réalité virtuelle. C’est ce qui est évoqué à Angers, Dijon, Limoges ou encore Bordeaux.
Découvrez la vidéo réalisée au centre de simulation d’Angers qui présente la vision de SimforHealth du centre de simulation du futur :
Quels avantages les formateurs voient-ils dans les outils de simulation numérique ?
Un des premiers points souligné est le côté ludique et le fait que ces outils sont avant tout en phase avec les attentes d’une génération demandeuse d’utiliser de tels dispositifs. La complémentarité de ces nouveaux outils numériques avec les outils existants permet de diversifier les approches pédagogiques. La flexibilité des usages et des modalités d’apprentissage (usage en présentiel ou à distance, en groupe ou seul) et la possibilité de générer des statistiques d’usage et de résultats permettent d’envisager un apprentissage plus personnalisé et plus actif. La technologie évoluant sans cesse et les supports technologiques se diversifiant (smartphone, tablette, ordinateur, réalité virtuelle, réalité augmentée) les établissements de formation entrevoient des environnements numériques de plus en plus immersifs, réalistes et permettant des formations interdisciplinaires à distance.
Quels freins sont évoqués pour leur déploiement ?
Concernant la réalité virtuelle, les contraintes technologiques limitent pour le moment le potentiel de l’outil. Il sera ainsi très utile pour maitriser un environnement, pour maitriser des procédures et pour générer des automatismes lors de ces procédures mais ne sera pas adapté à la formation aux gestes techniques. Cependant , certaines pistes de développement laissent entrevoir que cela sera possible un jour. C’est l’exemple des gants haptiques, qui apporteront une sensation de retour de force lors de la prise en main des objets virtuels.
Le coût initial du développement d’un simulateur en réalité virtuelle est également un frein majeur. SimforHealth développe ainsi un modèle économique innovant permettant qu’un simulateur soit vendu via la plateforme MedicActiV. Le simulateur génèrera ainsi des revenus laissant entrevoir un retour sur investissement.
D’autres questions restent à résoudre : temps des formateurs, formation des formateurs, docimologie, identification de la place de ces outils dans les parcours de formation…
SimforHealth se place aux côtés des formateurs pour tenter d’apporter des réponses à ces interrogations.
Les outils numériques pourront-ils remplacer les outils actuels ?
La réponse est simple : non, et ce n’est pas leur objectif. Les supports numériques vont venir compléter les outils pédagogiques déjà disponibles actuellement. Ainsi, l’apprentissage de la théorie continuera à se faire en amphithéatre ou à l’aide d’ouvrages de référence, alors que le raisonnement clinique pourra se développer, au domicile de l’apprenant ou de manière collaborative avec des cas cliniques 3D. Les étudiants développeront leurs compétences techniques au centre de simulation avec des simulateurs et apprendront le travail en équipe et la communication avec et autour du patient avec des patients standardisés et des mannequins haute fidélité. Toujours au centre de simulation mais peut être aussi au coeur de la faculté ou du CHU, des casques de réalité virtuelle permettront soit de se former seul à des procédures dans des environnements complexes (avec un catalogue de formation en réalité virtuelle disponible sur une plateforme en ligne), soit, et c’est désormais possible, à plusieurs pour des formations pluri et interprofessionnelles dans des environnements virtuels complexes ou représentant une grande zone géographique, tout cela en présentiel ou à distance dans le cadre pourquoi pas d’un compagnonnage international.
Ces outils et leur complémentarité permettront d’atteindre le principe éthique édité par la Haute Autorité de Santé « Jamais la première fois sur le patient« .
Enfin, car il y aura malgré tout, toujours une première fois sur le patient, les stages hospitaliers et libéraux seront toujours aussi indispensables pour préparer l’étudiant à sa future carrière professionnelle.
Suite à ces Rencontres de la Simulation Numérique en Santé, quelle orientation SimforHealth souhaite-t-elle donner pour accélérer le déploiement des simulateurs numériques ?
Actuellement, nous pouvons faire le constat que les acteurs français de la pédagogie en santé se tournent avant tout vers des outils qui bénéficient d’une certaine forme de recul scientifique ; cela passe par des études, des comparaisons d’outil à large échelle et des guidelines en terme par exemple de docimologie.
Conscient que les outils de simulation numérique et notamment la réalité virtuelle sont des outils trop récents pour bénéficier de cette expérience, SimforHealth souhaite être actif dans la génèse de ce contenu qui facilitera l’adoption de ces outils innovants. Ainsi, SimforHealth s’investit pour faciliter la naissance d’études permettant d’avoir un certain recul sur l’intérêt pédagogique, la position dans les parcours de formation et les modalités d’évaluation de ces nouveaux outils.
Le besoin de vulgarisation de cette technologie est également fort et le projet des Rencontres de la Simulation Numérique en Santé a pu apporter un grand nombre de réponses. Néanmoins, il parait important de répondre à toutes ces questions pratiques que se posent les formateurs (quelles sont les étapes pour créer un projet numérique de formation?, comment puis-je financer mon projet?, quel matériel pour quel usage ? etc.). Pour répondre à ces questions, SimforHealth va travailler sur la conception d’un livre blanc disponible au mois de juin 2018.
Enfin, ayant validé la pertinence du modèle de la plateforme MedicActiV, les équipes de SimforHealth vont accéler sa stratégie de peuplement. L’ambition est forte : mettre à disposition une plateforme offrant des simulateurs numériques dans une majorité d’aires thérapeutiques pour un maximum de professionnels de santé. Cette stratégie passera par exemple par la création d’un nouvel outil auteur répondant aux besoins des soins infirmiers. Elle passera également par la mise en place de partenariats avec des facultés de médecine et d’autres établissements de santé.
La plateforme MedicActiV continuera également d’évoluer et de s’enrichir des demandes de nouvelles fonctionnalités qui nous viennent des professionnels de santé et des experts de la pédagogie.
Vous souhaitez nous rencontrer ? Guillaume Brun, Pharmacien et responsable du projet peut continuer à vous rendre visite dans vos établissements de formation en santé ! N’hésitez pas à nous contacter.